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La pop culture comme nouveau folklore ? quand les récits modernes transmettent la sagesse ancienne

par | Avr 17, 2025 | Pop culture | 0 commentaires

Il fut un temps où les histoires se chantaient à la lueur du feu, portées par la voix d’un aïeul, murmurées aux enfants comme des graines semées dans l’âme. Ces récits-là, transmis de bouche à oreille, formaient le cœur du folklore : un tissu vivant d’histoires, de symboles, de créatures, de rites et de leçons destinées à accompagner les humains sur les sentiers de la vie. Et si aujourd’hui, dans nos salons et nos écrans rétroéclairés, les films et les séries étaient devenus nos nouveaux contes initiatiques ? Et si la pop culture, bien plus qu’un divertissement, était un miroir moderne de la sagesse ancestrale ?

Des sortilèges anciens dans des habits neufs

Dans Les Nouvelles Aventures de Sabrina, Buffy contre les vampires, The OA ou Dark, les archétypes, les portails, les rituels et les épreuves abondent. Ce n’est pas un hasard. Ces récits modernes parlent un langage symbolique qui nous touche au cœur, car ils rejouent les structures du conte initiatique, celles que nos ancêtres connaissaient déjà.

Ils parlent de passage, de transformation, de mort symbolique et de renaissance. Ils nous montrent des héros et héroïnes qui chutent, doutent, affrontent leurs ombres et en ressortent changés. C’est exactement ce que faisaient les anciens contes, les mythes païens, les épopées. La forme a changé, mais le fond est le même : guider l’âme à travers les cycles de la vie.

Les archétypes comme boussole intérieure

Dans Star Wars, Le Seigneur des Anneaux, Harry Potter, les figures archétypales abondent : le mentor (Obi-Wan, Gandalf, Dumbledore), l’appel à l’aventure, la caverne obscure, l’ennemi intérieur. Ces éléments ne sont pas de simples artifices narratifs. Ils sont les marqueurs d’un voyage intérieur, celui que Carl Jung et Joseph Campbell ont exploré à travers les notions d’inconscient collectif et de « monomythe ».

Aujourd’hui encore, ces archétypes vibrent en nous : la sorcière en quête de sa vérité, la prophétesse qui entend l’invisible, le guerrier qui affronte ses blessures, l’ancienne qui porte la mémoire du monde. La fiction nous les donne à voir, à incarner, à rêver. Ils deviennent des repères pour nous situer sur notre propre chemin.

série dark

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Des séries comme grimoires

Certaines séries vont plus loin encore : elles proposent de véritables rites de passage symboliques, comme des grimoires déguisés. Pensons à The OA, où les mouvements, les visions et les connexions entre les mondes deviennent des actes sacrés. Ou encore à Dark, qui explore le temps cyclique, la fatalité et le libre arbitre, avec des spirales temporelles qui ressemblent étrangement à des runes en mouvement.

Ces fictions ne se contentent pas de raconter. Elles enseignent. Elles éveillent. Elles laissent des empreintes dans notre psyché. Elles nous rappellent ce que les anciens savaient : l’imaginaire est une porte vers l’invisible, et chaque histoire porte en elle une clef pour comprendre le monde.

De l’écran au rituel

Il n’est pas rare que ces récits déclenchent des élans profonds chez ceux qui les regardent : un besoin de se reconnecter à une part oubliée, de créer un rituel personnel, de retrouver un lien avec la nature, la lune, les ancêtres, la magie. La fiction agit ici comme un miroir alchimique : elle reflète nos parts oubliées pour mieux les transmuter.

Alors est ce qu’il serait si fou de créer un autel inspiré d’un personnage, écrire une incantation vue dans une série et l’adapter à son propre chemin, méditer avec une musique de film ou se relier à un archétype découvert à travers un récit… ? Tout cela fait partie d’un folklore vivant, en constante évolution, à la fois ancien et contemporain.

Quand la magie devient marchandise : les limites de la pop culture comme folklore

Mais peut-on vraiment parler de folklore, là où l’intention première est souvent commerciale ? Si les récits modernes empruntent aux contes anciens leurs symboles et leurs structures, ils le font parfois en les vidant de leur substance initiatique, au profit d’un esthétisme séduisant ou d’un spectacle calibré pour le marché.

Nombre de séries et films utilisent la magie comme un simple outil narratif, un effet spécial de plus, une esthétique « dark » et « witchy » sans racines. On convoque la sorcière, les rituels, les grimoires, les pentacles… mais rarement avec profondeur ou respect pour leurs significations. Le folklore, dans ces cas-là, n’est pas transmis, il est recyclé. Et parfois, il est détourné ou caricaturé, contribuant à entretenir des clichés plutôt qu’à éveiller.

Entre superficialité et déracinement

Dans certaines productions, les symboles sont arrachés à leur contexte, les pratiques spirituelles vidées de leur cohérence pour servir une intrigue rapide ou spectaculaire. Le risque est double :

  • Créer de la confusion entre la fiction et la réalité magique, surtout pour les jeunes personnes en quête de sens.
  • Approprier sans comprendre, piochant dans des traditions culturelles (vaudou, pratiques africaines, rituels amérindiens, etc.) sans respect, ni ancrage, ni lien légitime avec ces cultures.

Ce glissement peut être problématique, car il entretient une vision consumériste de la magie : un outil de pouvoir personnel, une forme d’exceptionnalisme, voire un produit marketing. On vend des baguettes, des grimoires de déco, des robes « witchcore », mais sans forcément transmettre la sagesse, les racines, ni l’éthique derrière ces symboles.

Le manque de lenteur, d’intégration, de verticalité

Là où les contes anciens s’inscrivaient dans une transmission lente et incarnée, dans une communauté, un paysage, une mémoire orale ou rituelle, la pop culture opère dans l’instantané. On consomme des récits comme on zappe des chaînes : sans toujours prendre le temps de les intégrer, de les digérer, de les laisser transformer quelque chose en nous.

Le risque est donc que l’histoire n’opère plus comme passage, mais comme distraction. La sorcière n’est plus celle qui veille sur les cycles et les seuils, mais celle qui balance des éclairs. Le rituel n’est plus vécu comme un lien entre mondes, mais comme une scène dramatique pour choquer ou fasciner.

Conclusion : Entre enchantement et discernement, réenchanter sans se perdre

La pop culture est une étrange sorcière. Parfois initiatrice, parfois illusionniste. Elle sait convoquer des symboles puissants, tisser des récits archétypaux, réveiller en nous des mémoires profondes, comme le faisaient autrefois les contes au coin du feu. Elle sait nous parler du passage, de la transformation, de la lumière arrachée à l’ombre. En cela, elle peut devenir un écho contemporain du folklore, un terrain fertile pour nourrir notre imaginaire, inspirer notre chemin, et éveiller des élans spirituels bien réels.

Mais cette magie-là, il faut savoir la lire. Car dans un monde de consommation rapide, le risque est de confondre enchantement et envoûtement. Le folklore ne peut être réduit à une esthétique. La sorcellerie n’est pas un effet de style. Les mythes n’opèrent que s’ils sont intégrés avec conscience. Il nous appartient donc de faire le tri : de reconnaître les récits qui nous nourrissent vraiment, de questionner ceux qui recyclent sans âme, et surtout, de réancrer le magique dans le vivant, le lent, le profond.

Que ce soit devant un écran ou dans la forêt, à travers une série bouleversante ou un ancien conte, ce qui compte n’est pas le décor, mais la transmission d’un savoir : celui qui touche l’âme, éclaire le chemin, et relie à plus grand que soi. La pop culture peut être un portail vers cela — si nous choisissons de la traverser non comme des consommateurs, mais comme des chercheuses et chercheurs de sens.

Car peut-être que la magie la plus puissante aujourd’hui, c’est justement celle de réapprendre à voir avec l’œil du cœur, même à travers les pixels.

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