Feronia, déesse des terres sauvages et des forêts, était célébrée par les Romains lors d’un festival annuel le 13 novembre, connu sous le nom de Feroniae. À l’origine une déesse sabine, Feronia incarnait la nature indomptée, aimant les bois reculés loin des villes. Pourtant, malgré son caractère sauvage, elle finit par être honorée à Rome, où un temple lui fut dédié sur le Campus Martius au début du IIIe siècle avant J.-C. Mais pourquoi une divinité si ancrée dans les espaces naturels fut-elle amenée à accepter une demeure en pleine ville ?
Le Festival de Feronia, le Feroniae
Le Feroniae, instauré pour marquer la dédicace de son temple, se tenait chaque année à la même date, le 13 novembre. Ce festival était une célébration majeure dans la Rome antique, bien que les détails spécifiques des festivités se soient perdus avec le temps. Nous savons toutefois que des rassemblements populaires avaient lieu autour de ce jour, accompagnés de foires, de marchés et de rituels en l’honneur de la déesse. Dionysios d’Halicarnasse décrit comment, dans d’autres parties de l’Italie, des artisans, marchands et fermiers profitaient des fêtes pour échanger leurs biens tout en offrant des sacrifices à la déesse. Il est probable que des activités similaires se déroulaient à Rome.
Feronia était une déesse de guérison et de protection. Lors de son festival, les pèlerins se rendaient dans ses sanctuaires pour demander des guérisons, se lavant les mains et le visage dans ses sources sacrées, comme l’a décrit le poète Horace. Mais ce qui rendait son culte encore plus particulier, c’était son lien avec l’émancipation des esclaves. Le Feroniae était un moment symbolique où des esclaves affranchis participaient activement aux rituels. Ce lien avec l’affranchissement faisait de Feronia une déesse chère aux anciens esclaves, qui continuaient à la vénérer après leur libération.
Une Déesse Sauvage à Rome
L’installation de Feronia dans un temple romain ne s’est pas faite naturellement. Les Romains pratiquaient un rituel appelé evocatio, par lequel ils tentaient de convaincre les divinités étrangères de rejoindre Rome en leur offrant des cultes plus glorieux. C’est probablement ainsi qu’ils ont réussi à « attirer » Feronia dans la ville. Son temple sur le Campus Martius, un terrain ouvert en périphérie de Rome, était situé dans un lucus, un bosquet sacré, respectant ainsi sa nature profondément attachée aux bois et aux espaces naturels.
Pourquoi Feronia à Rome ?
Le rôle de Feronia dépassait le simple culte des bois. Elle fut perçue comme une protectrice des affranchis, mais aussi comme une gardienne contre les forces destructrices. Les récits de Pline l’Ancien relatent comment elle aurait détruit par la foudre les tours militaires qui s’approchaient trop près de son territoire, soulignant ainsi son influence protectrice. Au-delà des aspects mystiques, Feronia jouait un rôle important dans la défense symbolique de Rome, particulièrement en temps de crise. En 217 avant J.-C., lors de la menace d’une attaque par Hannibal, les femmes affranchies de la ville furent appelées à offrir des sacrifices à Feronia, renforçant encore son rôle de protectrice de la ville et de ses habitants.
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Héritage d’une Déesse
Aujourd’hui, bien que beaucoup des détails sur son culte se soient perdus, Feronia demeure une figure fascinante dans la mythologie romaine. Son festival, le Feroniae, symbolisait à la fois la connexion à la nature sauvage et la puissance protectrice qu’elle offrait à ses fidèles. En attirant une déesse des bois dans la capitale de l’Empire, les Romains ont su associer la force de la nature à la sécurité de leur ville, démontrant ainsi l’importance qu’ils accordaient à la fois au spirituel et au politique.
Le festival du 13 novembre restait un moment privilégié pour célébrer cette déesse hors du commun, témoin de l’ingéniosité romaine à intégrer des divinités étrangères dans leur panthéon et leur quotidien.
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